La lyre dans l'antiquité gréco-romaine


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SOMMAIRE



Organologie de la cithara romaine à travers les textes

Les cordes

Pline l'Ancien, Histoire naturelle. 'Livre 7, Chapitre 57). Fas est instrumenta corda ex cruribus aut aliis animalium membris facere, potissimum autem ex intestinis equorum et asininorum.

« Il est habituel de fabriquer les cordes des instruments à partir des membres ou des autres parties d'animaux, mais principalement à partir des boyaux de chevaux et d'ânes. »

Cet extrait confirme que les cordes étaient principalement fabriquées à partir de boyaux d'animaux, ce qui était courant pour les instruments de musique, y compris la cithara.


Vitruve, De architectura. (Livre 10, Chapitre 7). Citharae, lyrae et cetera similia instrumenta ex nervis faciunt, e quibus citharae ex intestinis animalium factae sunt.

« Les citharae, lyrae et autres instruments similaires sont fabriqués à partir de tendons, dont les citharae sont faites de boyaux d'animaux.»

Cet extrait confirme que les cordes des citharae romaines étaient fabriquées avec des boyaux d'animaux.


La caisse de résonance

Ovide, Métamorphoses (Livre 1, vers 576-577). Illa [lyra] etiam ex testudine fit, quam divinitus Apollinis manu accepit.

« Elle [la lyre] est également fabriquée à partir de la carapace de tortue, que la main d'Apollon reçut par un don divin. »

Cet extrait évoque directement l'utilisation de la carapace de tortue pour la fabrication de la lyre, un instrument apparenté à la cithara. La référence à Apollon souligne le lien divin et mythologique de l'instrument, mais aussi la technique spécifique de fabrication en utilisant une carapace de tortue.


Le plectre

Apollon et la lyre dans les hymnes religieux (Hymne à Apollon, vers attribués à Horace). Phoebe, radiis solisque et plectro dulci, cantu suo terras caelumque movens, te Musae colunt regemque vocant.

« Phoebus, toi qui fais vibrer le ciel et la terre par les rayons du soleil et le doux jeu de ton plectre, les Muses te vénèrent et te proclament leur roi. »

Ce fragment célèbre Apollon comme le dieu solaire et musical, alliant lumière et son pour relier le ciel et la terre. La lyre, ici associée au plectre, devient le canal par lequel l'harmonie divine se manifeste et se diffuse dans l'univers.



La cithara dans les fresques de Pompéi et Herculanum

Le centaure Chiron apprenant à Achille à jouer de la lyre, fresque romaine d'Herculanum, Musée archéologique national de Naples.

 

Cette fresque constitue un exemple significatif de l’art pictural romain du 1er siècle de notre ère. Elle illustre une scène issue de la mythologie grecque, mettant en avant l’éducation d’Achille par Chiron, un centaure réputé pour sa sagesse et son rôle de mentor auprès des héros.

Sur le plan mythologique, la fresque illustre l’idéal éducatif antique. Chiron, souvent associé à la sagesse et à la transmission des savoirs, incarne ici le rôle du précepteur, guidant Achille dans l’apprentissage des arts. Cette scène fait écho à l’idée selon laquelle l’éducation complète d’un héros ou d’un futur leader inclut non seulement des compétences martiales, mais aussi la maîtrise des arts, vue comme essentielle à l’épanouissement de l’esprit.

Cette œuvre s’inscrit dans le contexte plus large de l’adoption et de la réinterprétation des mythes grecs par les Romains. Elle reflète la valeur accordée à la mythologie comme outil éducatif et esthétique dans les milieux aisés. 

Le caisse de résonance de la lyre est clairement faite d'une carapace de tortue. Les ouvertures supérieures dans lesquelles sont insérés les montants verticaux sont clairement celles par lesquelles passaient les pattes de l'animal. Elle est munie d'une dizaine de cordes.

 

L’instrument se compose d’un cadre simple mais fonctionnel. Le corps de la lyre, souvent inspiré par la carapace de tortue dans la tradition grecque, sert de caisse de résonance, bien que le matériau exact ne puisse être déterminé ici. À partir de cette caisse s’élèvent deux montants verticaux ou bras, légèrement arqués, qui supportent une barre transversale ou joug. Cette dernière relie les deux bras au sommet, permettant de tendre les cordes. Ces cordes, probablement au nombre de cinq à sept dans cette représentation, sont tendues entre la caisse de résonance et le joug. Traditionnellement, elles étaient fabriquées en boyau animal, ce qui leur conférait élasticité et durabilité.

 

L’instrument était joué en pinçant les cordes, souvent à l’aide d’un plectre pour la main droite. La main gauche pouvait servir à étouffer certaines cordes ou à produire des variations tonales. L’accordage se faisait en ajustant la tension des cordes à leurs points de fixation sur le joug ou le corps de l’instrument. La lyre était utilisée pour accompagner le chant ou la récitation poétique, jouant un rôle central dans la formation musicale des jeunes membres de l’élite.

 

Au-delà de son rôle musical, la lyre possédait une forte valeur symbolique. Associée à la culture grecque et romaine, elle incarnait l’harmonie, l’équilibre et la maîtrise de soi. Dans le contexte de cette fresque, elle illustre l’importance accordée à l’apprentissage des arts dans l’éducation des héros comme Achille. L’instrument, tel qu’il est représenté, suit les conventions des lyres de l’Antiquité, mettant l’accent sur sa simplicité et sa symbolique éducative, tout en reflétant son usage pratique dans la vie quotidienne et culturelle de l’époque.