Le roi David, pionnier de la musicothérapie ?


xxx


La harpe et la lyre dans l’imaginaire collectif

Le roi David, figure emblématique de la Bible hébraïque, est souvent représenté comme un guerrier, un roi et un poète. Mais il est aussi, et peut-être avant tout, un musicien dont le talent a marqué l’histoire biblique et influencé les traditions artistiques et spirituelles. David est fréquemment associé à la harpe et à la lyre, deux instruments à cordes qui, bien que distincts, sont souvent confondus dans l’imaginaire collectif. 

La confusion entre la harpe et la lyre n’est pas limitée à la tradition biblique. Dans l’Antiquité grecque, la lyre est associée au dieu Apollon et symbolise l’harmonie et la raison, tandis que la harpe est plus rarement mentionnée. Au Moyen Âge, les enlumineurs représentaient souvent David avec une harpe, la traduction du terme original étant peu clair ou bien avait déjà été galvaudé. Cette tendance s’est poursuivie à la Renaissance et à l’époque moderne, où la harpe est devenue l’instrument emblématique du roi David.

Cette confusion reflète peut-être une volonté de simplifier et d’universaliser l’image de David en tant que musicien. La harpe, avec sa forme élégante et son son cristallin, est devenue un symbole de spiritualité et de paix, incarnant parfaitement le rôle de David en tant que psalmiste et musicien apportant la paix de l'âme.

À l'époque prébiblique, avant que les récits de tradition orale ne soient sanctuarisé par l'écriture, la lyre et la harpe avaient probablement avaient probablement une dénomination donnée par les spécialistes et une autre par les gens du peuple. Chez les spécialistes, le nom est précis ; dans la culture populaire, il y a une distanciation. Ce phénomène existe de tout temps et chez tous les peuples. Le nom de l'instrument est parfois attaché à sa fonction. Si un instrument différent assure une fonction précise, il sera bien souvent appelé par le nom de celui qu'il remplace. C'est une explication possible à la confusion régnant entre harpe et lyre.


David, le musicien qui apaise l'âme

Le passage de la Bible mettant en scène David en tant que musicien se trouve dans le Premier Livre de Samuel (1 Samuel 16:14-23) : « Et lorsque l’esprit mauvais venant de Dieu était sur Saül, David prenait la lyre et jouait ; alors Saül se trouvait soulagé et se sentait mieux, et le mauvais esprit se retirait de lui. »

 

Ce passage est vraisemblablement la plus ancienne citation préfigurant ce qui deviendra la musicothérapie. Il est toutefois peu explicite, et ce à plusieurs égards :

  • Est-ce le seul son de la lyre qui apaise Saül ?
  • Est-ce une mélodie spécifique ?
  • Est-ce à la fois le son spécifique de la corde et la mélodie ?
  • Peut-être le roi David accompagnait-il son chant de la lyre ?

À cette époque, la lyre et la harpe sont deux instruments que l'on pourrait qualifier de sophistiqués. Selon la culture et le savoir-faire du musicien, ils permettaient de :

  • Jouer une mélodie.
  • Jouer une mélodie agrémentée de notes d'accompagnement.
  • Accompagner ou d'auto-accompagner mélodiquement, harmoniquement et rythmiquement le chant.
  • De créer des alternances chant / musique instrumentale.

En revanche, la structure de ces deux instruments ne permet pas d'imiter les fioritures vocales telles le vibrato ou le glissando. C'est pourquoi ces deux instruments ont disparu de nombreuses cultures, remplacés par des cordophones plus performants et structurellement moins contraignants, comme le luth et la cithare à frettes hautes.


Raisons de la disparition de la harpe et de la lyre

Nous prendrons le cas de trois harpes qui ont disparu.

  1. La harpe arquée indienne vīṇā a disparu entre les VIIIᵉ et XIIᵉ siècles, remplacée par des luths et des cithares.
  2. Ce même instrument, importé au Cambodge au début de l'ère commune est demeuré florissant au moins jusqu'au début du XIIIᵉ siècle dans l'Empire khmer parce qu'il a su s'adapter.
  3. Le çeng ottoman a quant à lui été florissant jusqu'au XVIIe s. en Turquie avant d'être détrôné par le luth 'ud.

Nous ne reviendrons pas, dans le développement ci-après, sur les raisons techniques qui ont probablement conduit au remplacement de la harpe pour nous concentrer sur les raisons historiques.

 

Déclin et disparition de l'usage de la harpe vīṇā en Inde

La harpe, connue sous le nom de vīṇā, est un instrument qui a joué un rôle important dans la musique classique de l'Inde ancienne. Elle est mentionnée dans des textes anciens comme le Rig-Veda et le Sama-Veda, où elle est associée à des rituels et à des pratiques musicales sacrées. Des sculptures et des représentations artistiques, comme celles des temples de Sanchi et Amaravati, montrent des harpistes jouant de cet instrument, attestant de son importance dans la culture musicale de l'époque.

Elle a progressivement disparu du paysage musical indien, et son déclin s'est produit principalement entre le VIIIᵉ au XIIᵉ siècles et ce, pour diverses raisons ayant trait à l'histoire tumultueuse du sous-continent à l'époque médiévale tardive (XIIᵉ-XVIᵉ s.) et à la structure de l'instrument comme évoqué plus haut, et qui vaut pour l'ensemble des disparitions plus ou moins tardives à travers le monde.

Nos connaissances sur le déclin et la disparition de l'usage de la harpe vīṇā en Inde, se basent à la fois sur la présence ou l'absence de la harpe dans l'iconographie et les textes.

L'iconographie (sculptures et peintures) des périodes anciennes, notamment sous les Gupta (IVᵉ-VIᵉ siècles), montre des représentations de la harpe (vīṇā ou vipanchi vīṇā). Cependant, ces représentations deviennent rares à partir de la période médiévale. Les sites tels qu'Ajanta et Ellora présentent des fresques illustrant des harpes, mais ces instruments ne sont plus représentés dans l'art postérieur des dynasties Chola ou Moghol, indiquant un déclin.

Des textes anciens comme le Nāṭya śāstra नाट्य शास्त्र (IIᵉ s. AEC - IVᵉ s. EC) mentionnent la harpe parmi les instruments de musique, mais les traités postérieurs comme le Saṃgītaratnākara संगीतरत्नाकर (XIIIᵉ s.) mettent davantage l'accent sur d'autres instruments tels que le sitar et le tanpura. Cette transition reflète un changement dans les préférences musicales et les instruments utilisés. Les invasions et influences islamiques entre le VIIIᵉ et le XIIᵉ siècle ont introduit des instruments persans comme le rabâb et ont remodelé les pratiques musicales. Les instruments traditionnels comme la harpe semblent avoir été progressivement remplacés. 

 

 

Pour plus de détails, consulter notre article La harpe arquée en Inde (SOA).

 

 

 

 

Plusieurs facteurs historiques, culturels et musicaux expliquent cette disparition.

 

La Harpe dans l'Inde Ancienne

La harpe était un instrument populaire dans l'Inde ancienne, notamment pendant la période védique et classique. Elle est mentionnée dans des textes anciens comme le Rigveda et le Samaveda, où elle est associée à des rituels et à des pratiques musicales sacrées. Des sculptures et des représentations artistiques, comme celles des temples de Sanchi et Amaravati, montrent des harpistes jouant de cet instrument, attestant de son importance dans la culture musicale de l'époque.

La harpe indienne, souvent appelée vina dans les textes anciens (à ne pas confondre avec la vina moderne, qui est un instrument à cordes pincées), était un instrument à cordes arquées, joué avec les doigts ou un archet. Elle était utilisée pour accompagner les chants, les récitations poétiques et les rituels religieux.

 

Le Déclin de la Harpe en Inde

La disparition de la harpe en Inde est le résultat d'une combinaison de facteurs culturels, sociaux et musicaux :

Changements dans les Pratiques Musicales :

Avec l'évolution de la musique classique indienne, les instruments à cordes pincées, comme la vina moderne (ou rudra vina), ont gagné en popularité. Ces instruments offraient une plus grande polyphonie et une meilleure adaptation aux nouvelles formes de musique, comme le dhrupad et plus tard le khyal.

La harpe, avec son nombre limité de cordes et sa structure arquée, était moins adaptée aux développements mélodiques et rythmiques complexes de la musique indienne classique.

 

Influence des Invasions et des Changements Politiques :

Les invasions musulmanes en Inde, à partir du XIIe siècle, ont apporté de nouveaux instruments et styles musicaux. Des instruments comme le sitar, le sarod et le tambura ont progressivement remplacé les instruments anciens, y compris la harpe.

Les cours royales et les centres culturels ont adopté ces nouveaux instruments, qui étaient perçus comme plus modernes et plus adaptés aux goûts changeants.

 

Disparition des Contextes Rituels :

La harpe était fortement associée aux rituels védiques et aux pratiques religieuses anciennes. Avec le déclin de ces rituels et l'émergence de nouvelles formes de dévotion, comme la bhakti, l'instrument a perdu son contexte culturel et spirituel.

Complexité de Fabrication et d'Entretien :

La harpe était un instrument complexe à fabriquer et à entretenir. Sa structure arquée et ses cordes en boyau nécessitaient un savoir-faire spécialisé. Avec le temps, les artisans se sont tournés vers des instruments plus simples et plus durables.

 

La Harpe dans la Mémoire Collective

Bien que la harpe ait disparu de la pratique musicale en Inde, elle reste présente dans la mémoire collective à travers les textes anciens, les sculptures et les récits mythologiques. Par exemple, dans l'épopée du Mahabharata, le sage Narada est souvent décrit comme jouant d'une harpe, symbolisant la connexion entre la musique et la spiritualité.

 

 

Conclusion

La disparition de la harpe en Inde est un exemple fascinant de la manière dont les instruments musicaux évoluent et disparaissent en fonction des changements culturels, sociaux et technologiques. Bien qu'elle ait joué un rôle central dans la musique ancienne, la harpe a cédé la place à des instruments mieux adaptés aux nouvelles formes musicales et aux goûts changeants. Aujourd'hui, elle reste un symbole de l'héritage musical riche et diversifié de l'Inde, rappelant que la musique est un art en perpétuelle transformation.

Déclin et disparition de la harpe vīṇā dans l'Empire angkorien

Notre site web associé soundsofangkor.org est la première source d'information mondiale sur la harpe khmère, une recherche qui nous a occupé durant plus d'une décennie ! Pour plus de détails, consulter nos articles consacrés à la harpe arquée au Cambodge (SOA)

Le premier témoignage de l'existence de la harpe sur le territoire de l'actuel Cambodge remonte au IIᵉ siècle EC, attestée par une représentation sur un médaillon retrouvé dans un cimetière. L'ultime témoignage, relié à la période angkorienne, date du début XIIIᵉ s. EC à travers les sculptures du Bayon. La mémoire de la harpe a toutefois perduré jusqu'au temps présent (forme générale et nom khmérisé), un instrument que nous dénommons “harpe postangkorienne". Nous ignorons toutefois quand l'instrument a disparu, dans quelles conditions et par quoi il a été immédiatement remplacé. L'hypothèse que nous pouvons émettre est qu'il s'est probablement raréfié à partir du XIVᵉ s., période d'émergence du bouddhisme theravāda où aucun instrument de musique n'accompagnait la cantillation des moines. Une peinture, provisoirement datée du XVIᵉ s. par nous-même, dans le sanctuaire bakan du temple d'Angkor Vat, montre un orchestre composé de percussions mélodiques et de tambours. Cet orchestre, probablement venu du royaume du Siam ou inspiré par lui, a remplacé l'orchestre à cordes angkorien. Sa efficacité acoustique est indéniable comparativement à l'orchestre à cordes.

On pourrait se poser la question à propos de la "magie de la harpe" remplacée par des instruments percussifs. Il n'en est rien à notre avis. En effet, la harpe n'était probablement qu'un instrument d'accompagnent, la mélodie étant jouée par la cithare monocorde. Par ailleurs, et nous l'avons testé dans les temples angkoriens, le son des instruments à cordes était supplanté par les voix et les percussions, toujours présentes dans les orchestres. À cette époque, et dans le contexte religieux, la musique de la harpe n'a pas vocation à charmer ou apaiser l'âme, mais à animer la danse des danseuses sacrées communiquant avec les divinités de l'hindouisme. Aussi, le remplacement des cordes par des percussions mélodiques a permis de porter spatialement plus loin le son.

 

Déclin et disparition de la harpe çeng dans l'Empire ottoman

Le çeng puise ses origines dans les civilisations anciennes. Des représentations d'instruments similaires chez les assyriens et les égyptiens à l'époque Lagide. En organologie, cette harpe est qualifiée d'angulaire.

 

L'ancêtre direct du çeng ottoman est le çeng iranien, qui a été introduit dans l'Empire ottoman et a subi des modifications locales. Au fil du temps, il est devenu un instrument emblématique de la culture ottomane, notamment entre les XVe et XVIIe siècles. Des manuscrits persans du XIVe siècle, comme le Kenzü't-Tuhaf, ainsi que des œuvres poétiques comme le Çengname d'Ahmed-i Dâî, témoignent de son importance culturelle et artistique.

 

### Un Instrument de Cour et de Spiritualité

Dans l'Empire ottoman, le çeng était un instrument privilégié, joué aussi bien par des hommes que par des femmes. Il accompagnait souvent des récitations poétiques, des discussions savantes et des cérémonies soufies, où sa musique était considérée comme un moyen de transcendance spirituelle. Les miniatures ottomanes, comme celles du *Süleymanname* ou du *Surnâme-i Hümâyûn*, montrent le çeng dans des contextes variés, reflétant son rôle central dans la vie culturelle de l'époque.

 

Il existait deux types de çeng : le *kucak çengi*, une petite harpe jouée assise, et le *açık hava çengi*, une harpe plus grande jouée debout. Ces instruments étaient souvent richement décorés, avec des caisses de résonance droites ou courbes, cette dernière étant plus courante dans les représentations iraniennes et arabes.

 

### Le Çeng dans les Traditions Géorgiennes et Au-Delà

 

Le çeng a également des cousins dans d'autres cultures. En Géorgie, notamment en Svanétie, on trouve le *changi*, un instrument traditionnel à six ou sept cordes, souvent associé à des mélodies mélancoliques et à des chants de deuil. Selon la légende, le changi serait né de la douleur d'un père ayant perdu son fils à la guerre. Cet instrument, inscrit au patrimoine culturel immatériel de la Géorgie en 2015, partage des similitudes frappantes avec le çeng ottoman, suggérant des liens historiques profonds entre les cultures du Caucase et du Moyen-Orient.

 

D'autres instruments similaires, comme l'*ayumaa* abkhaze, le *duadastanon* ossète et le *tor-sapl-yukh* mansi, témoignent de la diffusion des harpes angulaires à travers l'Eurasie. Ces instruments, souvent associés à des récits épiques ou à des rituels, soulignent l'universalité de la harpe comme moyen d'expression émotionnelle et spirituelle.

 

### La Renaissance Moderne du Çeng

 

Après avoir presque disparu au début du XXe siècle, le çeng connaît un regain d'intérêt depuis la fin du XXe siècle. Des artisans et des musiciens, comme Fikret Karakaya en Turquie, ont reconstruit l'instrument en s'inspirant de descriptions historiques et de miniatures anciennes. Aujourd'hui, des harpistes comme Şirin Pancaroğlu explorent les possibilités musicales du çeng, fusionnant traditions anciennes et innovations modernes.

 

Les versions contemporaines du çeng intègrent des mécanismes de réglage avancés, similaires à ceux du kanun, permettant des techniques comme le bend (modulation de la hauteur des notes). Ces adaptations modernes ont permis au çeng de retrouver une place dans les concerts et les enregistrements, tout en conservant son essence traditionnelle.

 

### Conclusion : Un Héritage Musical Vivant

 

Le çeng est bien plus qu'un instrument de musique : il est un pont entre les époques et les cultures, un témoin de l'histoire et un vecteur d'émotion. Sa renaissance moderne montre que, malgré les bouleversements de l'histoire, les traditions artistiques peuvent être préservées et réinventées. En redécouvrant le çeng, nous célébrons non seulement un héritage musical, mais aussi la capacité de l'art à transcender les frontières et les générations. Que ses cordes continuent de vibrer, portant avec elles les échos du passé et les promesses de l'avenir.

 


Le Roi David : Musicien, Poète et Pionnier de la Musicothérapie

 

 

 

 

 

Ce passage est souvent considéré comme l’une des premières références à la musicothérapie, une pratique qui utilise la musique pour soigner et apaiser l’esprit. La capacité de David à calmer Saül par la musique souligne le pouvoir universel de l’art sonore, capable de transcender les maux physiques et psychologiques.

 

Harpe ou Lyre : Une Confusion Millénaire

Dans les récits bibliques, David est tantôt décrit comme jouant de la lyre (en hébreu kinnor כִּנּוֹר), tantôt de la harpe (en hébreu nevel נֵבֶל). Ces deux instruments, bien que similaires, présentent des différences structurelles et sonores. La lyre (kinnor) est généralement plus petite, avec des cordes tendues entre deux bras et une caisse de résonance. La harpe (nevel), quant à elle, est plus grande, avec des cordes fixées à un cadre en angle.

 

Cependant, cette distinction technique est souvent floue dans les textes anciens et les représentations artistiques. Les traducteurs de la Bible, les artistes médiévaux et même les musicologues modernes ont parfois confondu les deux instruments. Cette confusion s’explique en partie par leur apparence similaire et leur fonction commune : produire une musique envoûtante et spirituelle.

 

 

 

David, Psalmiste et Héritage Musical

Au-delà de son rôle de musicien à la cour de Saül, David est surtout connu pour être l’auteur présumé des Psaumes, un recueil de poèmes et de chants sacrés qui occupent une place centrale dans la liturgie juive et chrétienne. Ces textes, souvent mis en musique, témoignent de la profonde connexion entre la spiritualité et l’art musical.

 

Les Psaumes de David, chantés ou joués à la harpe ou à la lyre, ont inspiré des générations de compositeurs, de poètes et de fidèles. Ils illustrent comment la musique peut être un moyen de communication avec le divin, un outil d’expression émotionnelle et une source de réconfort.

 

Conclusion : La Musique, Langage Universel

Le roi David incarne l’archétype du musicien inspiré, dont l’art transcende les époques et les cultures. Que ce soit avec une harpe ou une lyre, sa musique a apaisé les âmes, inspiré les cœurs et ouvert la voie à une compréhension profonde du pouvoir thérapeutique de la musique. La confusion entre la harpe et la lyre, bien que révélatrice des limites de notre perception historique, ne fait que renforcer l’universalité de son message : la musique est un langage qui dépasse les frontières, un pont entre le terrestre et le divin, entre la souffrance et la paix.

 

Aujourd’hui, alors que la musicothérapie gagne en reconnaissance scientifique, l’histoire de David et Saül nous rappelle que le pouvoir de la musique est aussi ancien que l’humanité elle-même. Et peut-être, dans les cordes vibrantes d’une harpe ou d’une lyre, entendons-nous encore l’écho de la mélodie qui apaisa le cœur tourmenté d’un roi.

 

 

 

 

Plusieurs facteurs historiques, culturels et musicaux expliquent cette disparition.

 

La Harpe dans l'Inde Ancienne

La harpe était un instrument populaire dans l'Inde ancienne, notamment pendant la période védique et classique. Elle est mentionnée dans des textes anciens comme le Rigveda et le Samaveda, où elle est associée à des rituels et à des pratiques musicales sacrées. Des sculptures et des représentations artistiques, comme celles des temples de Sanchi et Amaravati, montrent des harpistes jouant de cet instrument, attestant de son importance dans la culture musicale de l'époque.

La harpe indienne, souvent appelée vina dans les textes anciens (à ne pas confondre avec la vina moderne, qui est un instrument à cordes pincées), était un instrument à cordes arquées, joué avec les doigts ou un archet. Elle était utilisée pour accompagner les chants, les récitations poétiques et les rituels religieux.

 

Le Déclin de la Harpe en Inde

La disparition de la harpe en Inde est le résultat d'une combinaison de facteurs culturels, sociaux et musicaux :

Changements dans les Pratiques Musicales :

Avec l'évolution de la musique classique indienne, les instruments à cordes pincées, comme la vina moderne (ou rudra vina), ont gagné en popularité. Ces instruments offraient une plus grande polyphonie et une meilleure adaptation aux nouvelles formes de musique, comme le dhrupad et plus tard le khyal.

La harpe, avec son nombre limité de cordes et sa structure arquée, était moins adaptée aux développements mélodiques et rythmiques complexes de la musique indienne classique.

 

Influence des Invasions et des Changements Politiques :

Les invasions musulmanes en Inde, à partir du XIIe siècle, ont apporté de nouveaux instruments et styles musicaux. Des instruments comme le sitar, le sarod et le tambura ont progressivement remplacé les instruments anciens, y compris la harpe.

Les cours royales et les centres culturels ont adopté ces nouveaux instruments, qui étaient perçus comme plus modernes et plus adaptés aux goûts changeants.

 

Disparition des Contextes Rituels :

La harpe était fortement associée aux rituels védiques et aux pratiques religieuses anciennes. Avec le déclin de ces rituels et l'émergence de nouvelles formes de dévotion, comme la bhakti, l'instrument a perdu son contexte culturel et spirituel.

Complexité de Fabrication et d'Entretien :

La harpe était un instrument complexe à fabriquer et à entretenir. Sa structure arquée et ses cordes en boyau nécessitaient un savoir-faire spécialisé. Avec le temps, les artisans se sont tournés vers des instruments plus simples et plus durables.

 

La Harpe dans la Mémoire Collective

Bien que la harpe ait disparu de la pratique musicale en Inde, elle reste présente dans la mémoire collective à travers les textes anciens, les sculptures et les récits mythologiques. Par exemple, dans l'épopée du Mahabharata, le sage Narada est souvent décrit comme jouant d'une harpe, symbolisant la connexion entre la musique et la spiritualité.

 

 

Conclusion

 

La disparition de la harpe en Inde est un exemple fascinant de la manière dont les instruments musicaux évoluent et disparaissent en fonction des changements culturels, sociaux et technologiques. Bien qu'elle ait joué un rôle central dans la musique ancienne, la harpe a cédé la place à des instruments mieux adaptés aux nouvelles formes musicales et aux goûts changeants. Aujourd'hui, elle reste un symbole de l'héritage musical riche et diversifié de l'Inde, rappelant que la musique est un art en perpétuelle transformation.

http://simplearp.free.fr/pages/envois/21orient.html

https://itoldya420.getarchive.net/amp/topics/angular+harps

https://www.bradshawfoundation.com/news/cave_art_paintings.php?id=Musical-depictions-in-Indian-rock-art

https://www.youtube.com/watch?v=yJtIuwARnlY&ab_channel=MIMBrussels

https://www.wikiwand.com/en/articles/Angular_harp